Le jury a départagé 87 dossiers, pour attribuer 10 prix. Parmi eux, pas moins de deux sont revenus à APF France handicap. C’était lors de la remise de Trophées 2021 de l’innovation de la Fehap (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs), en novembre dernier.

Porté par la délégation du Loiret, le Connecto’bus est un véhicule inclusif itinérant équipé d’outils numériques adapté à tous les types de handicap. Son origine ? L’initiative « gardons le lien », menée au cours du premier confinement qui, indique le directeur régional Centre-val-de-Loire Pascal Usseglio, a conduit les personnes à exprimer leurs problématiques d’isolement social et territorial, de fracture numérique et de mobilité difficile. « Ce bus apporte donc un accès au numérique mais présente aussi le prétexte pour construire du lien », complète-t-il. Un ancien bus de la délégation va ainsi partir sur les routes en ce début d’année, soutenu notamment par Orange solidarité, qui fournit formations et matériel. TechLab, le hub de l’innovation technologique de l’association offre son appui et conseil en matière d’adaptation des outils. Il sera conduit par une majorité de bénévoles, et accueillera un salarié, en emploi aidé, qui assurera les fonctions de conseiller numérique. Il se rendra à différents points du Loiret et d’Eure-et-Loir, en fonction de demandes et contacts préalables avec les adhérents, et non selon un programme préétabli en amont. A raison d’une demi-journée ici, d’une journée là, son objectif est d’aller le plus possible à la rencontre des personnes là où elles se trouvent. « Cela nous ramène au point de départ de l’association, à l’idée des cordées, qui devaient permettre de rester reliés », commente Pascal Usseglio.

"Pépites"

Plus à l’est, dans la Nièvre, le foyer d’accueil médicalisé d’Imphy, lui, a reçu un Trophée Fehap pour son bras robotisé d’aide à la prise des repas. Il s’est agi au départ de répondre à la demande de Christelle, 26 ans aujourd’hui. Cette résidente atteinte d’infirmité motrice cérébrale souhaitait gagner en autonomie, et que l’on ne lui donne plus à manger. Les aides existantes dans le commerce coûtaient 7 000 euros et avaient fait l’objet d’un refus de la Maison départementale des personnes handicapées dont elle relève. Alors la décision a-t-elle été prise d’équiper le service ergothérapie d’une imprimante 3D. Et le professionnel du service, soutenu par Christelle dans toutes les phases de test, et par une quinzaine d’étudiants ingénieurs en génie médical de Besançon pour la conception, mène ce projet. Le 3^e prototype est actuellement en phase de test. La facilité d’utilisation reste à améliorer, indique le directeur de l’établissement Jérôme Moreau. Qui ajoute : « Nous voulions proposer un produit solidaire et à bas coût. » Les modalités de fabrication seront en open source, et le moteur qui l’actionne coûte autour de 500 €. « Bien sûr, nous ne proposons pas ce bras pour réduire le nombre de professionnels. L’accompagnement aux repas restera nécessaire, on ne donnera plus à manger, c’est tout. » Le directeur voit dans les nombreux prix reçus par ce bras (de la Fehap, de la Banque publique d’investissement ou encore du Conseil régional) une reconnaissance du travail de l’ergothérapeute et de la participation de la résidente : « Dans tous nos établissements, et y compris comme chez nous en milieu rural, nous avons des pépites qu’il convient d’encourager. Il n’y a pas de petite innovation ! Mais des projets qui peuvent se concrétiser, au service des personnes. »