Jamais sans mon accompagnant : un témoignage de Georgie d'APF Evasion

Accompagner une personne handicapée en vacances, c'est ce que proposent de nombreuses associations spécialisées. Le point avec Georgie, bénévole et responsable de séjour chez APF Evasion.

Des vacances à moindre frais ? C'est ce que pourraient imaginer les amateurs de bons plans qui espèrent partir au bout du monde à moindre frais en accompagnant une personne handicapée en voyage. Quelle méprise ! Le séjour est, certes, quasiment gratuit mais cette implication suppose bien plus qu'une escorte touristique : un véritable don de soi. Georgie est accompagnatrice depuis 2001. Professeur de l'enseignement spécialisé, elle décide, au moment de la retraite, de « reprendre du service » auprès des adultes handicapés. « Responsable de séjour » depuis deux ans, elle s'adonne en moyenne une fois par an à l'organisation d'un voyage.


983646981.jpg Quelles tâches ?
Chez APF Evasion, on préconise un accompagnant pour un vacancier. Un seul credo : « Respecter l'intimité et garantir la sécurité ! ». Pour les « petits séjours », en France comme à l'étranger, ce sont donc 16 personnes (8 vacanciers et 8 accompagnants) qui cohabitent une ou deux semaines durant. Les organisateurs font en sorte d'assurer la parité des sexes puisque les accompagnants sont amenés à partager la même chambre que le vacancier qu'ils prennent en charge et à lui prodiguer des soins parfois intimes, notamment au moment de la toilette. Une disponibilité indispensable, 24H/24. « Il ne faut pas se voiler la face, c'est parfois très fatigant, par exemple lorsqu'il faut se lever trois fois dans la nuit en cas d'incontinence urinaire. Dans ce cas, nous organisons un roulement au sein de l'équipe pour que chacun puisse se reposer. » En dehors des moments intimes, les accompagnants aident indifféremment chaque membre du groupe : faire manger, couper les aliments, pousser les fauteuils... Ce système permet d'assurer une meilleure cohésion et offre à tous l'occasion de sympathiser.

Quel candidat ?
Même si la perspective de vacances à moindres frais peut sembler prometteuse, les bénévoles se font rares et les organisations en appellent à toutes les bonnes volontés. Il suffit de poser sa candidature. Une petite sélection permet de jauger le degré d'implication des postulants et leur capacité à prendre en charge et à s'occuper dans l'intimité d'une personne handicapée. Le recrutement se fait en plusieurs temps : CV, lettre de motivation, extrait de casier judiciaire puis entretien.
« Lorsqu'on s'engage dans une telle démarche, confie Georgie, ce n'est pas innocent. C'est un défi qu'on se lance, qui permet une meilleure connaissance de soi-même car le fait de coexister avec des personnalités très différentes, et parfois très fortes, surtout lorsque la fatigue se fait sentir en fin de séjour, remet pas mal de choses en cause. Il faut savoir aller vers les autres, avoir le sens de la convivialité. Nous devons garder à l'esprit que nous sommes là pour aider les vacanciers à profiter au mieux de cette évasion qui constitue une rupture dans leur vie, en prenant aussi un peu de bon temps pour nous. » Certains séjours doivent être annulés faute de bénévoles, malgré les campagnes d'affichages et de promotion sur les radios. « Pour les séjours adultes, nous avons beaucoup de retraités, surtout en hiver, explique Georgie, qui s'impliquent car ils ont souvent un lien personnel ou familial avec le handicap. Pour nous, responsables de séjours, l'idéal c'est d'arriver à fidéliser une équipe avec un noyau dur. Certains accompagnants partent plusieurs fois par an mais je me limite en moyenne à un seul voyage, agrémenté de sorties en cours d'années à la journée pour des évènements particuliers dans ma région. »

Quels vacanciers ?
Dans le cadre de ses missions, Georgie est amenée à accompagner des adultes handicapés moteur, le plus souvent en fauteuil roulant. Certains souffrent de polyhandicaps très lourds, ce qui n'empêche pas la prise en charge. Les séjours en France permettent l'usage des fauteuils électriques à l'inverse des voyages à l'étranger (problème du vol en avion). « Mais, dans ce cas, explique Georgie, on prend des fauteuils manuels et on pousse ! »

Quels séjours ?
APF Evasion, au même titre que d'autres organisations impliquées dans les séjours des vacanciers handicapés, proposent une large gamme de séjours adaptés à tous les âges et tous les handicaps. Lors des séjours à l'étranger, le groupe est hébergé dans des hôtels ou clubs de vacances « grand public ». « Ce n'est pas un simulacre d'intégration. Les repas sont pris en commun et les liens se nouent facilement avec les autres vacanciers. L'intolérance est assez rare si ce n'est ce couple qui s'était plaint de dîner dans la même salle que nous car il avait économisé pendant des mois pour prendre du bon temps et pas pour voir ce « spectacle ». » D'autres formules, notamment pour les 18-25 ans et les polyhandicapés, sont proposés dans des centres de vacances adaptés, avec une équipe de professionnels qualifiés (veilleurs de nuit ou infirmière).

Quelle compensation ?
Chez APF Evasion, les accompagnants sont bénévoles. Les séjours en France leur sont proposés gratuitement. A l'étranger, ils doivent pendre à leur charge une partie du voyage (un minimum de 250 € correspondant en général au coût du billet d'avion). A titre d'exemple : 450 € pour 10 jours au Sénégal. Mais c'est donc au vacancier d'assumer la majeure partie du coût du séjour de son accompagnant. Toujours pour le Sénégal : 1495 € pour le vacancier et 1620 pour son accompagnant. « Evidemment, confie Georgie, ce sont des évasions qui coûtent cher et que certains ne peuvent s'offrir qu'une fois dans leur vie. C'est pourquoi nous avons le devoir de faire de ce voyage un moment exceptionnel ! »

Un article paru sur le site Handicap.fr.

Vous voulez en savoir plus sur les séjours organisés par APF Evasion, ou devenir bénévole : cliquez ici.

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