L'un des vaccins contre l'hépatite B pourrait augmenter le risque de sclérose en plaque

LE MONDE | 25.09.08 | 09h36 • Mis à jour le 25.09.08 | 12h12

L'un des vaccins contre l'hépatite B, Engerix B, semble associé chez l'enfant à une augmentation du risque de développer, trois ans plus tard, une sclérose en plaques. Ce risque, qui n'est pas retrouvé pour l'ensemble des vaccins contre l'hépatite B, serait multiplié par 1,74 dans le cas de l'Engerix B. Les autorités sanitaires ont lancé une "expertise approfondie", afin de voir s'il y a lieu de modifier la recommandation de vacciner les nourrissons pour prévenir une maladie à laquelle sont liés plus de 2 800 décès par an.

1525229486.gifL'étude, dont Le Monde a pris connaissance, a été menée par l'équipe du professeur Marc Tardieu (service de neuropédiatrie, hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre) et doit être prochainement publiée. Jusqu'ici, les deux études menées chez des enfants vaccinés contre l'hépatite B n'avaient pas décelé de risque aggravé d'effet secondaire neurologique. Chez l'adulte, une seule étude a trouvé un lien statistique entre cette vaccination et la survenue ultérieure d'une sclérose en plaques (Le Monde du 16 septembre 2004).

COUVERTURE FAIBLE

L'étude de l'équipe de Marc Tardieu concerne le vaccin contre l'hépatite B le plus utilisé en France : 787 754 doses d'Engerix B enfants et nourrissons ont été remboursées par l'assurance-maladie en 2007. Les auteurs précisent que leur étude ne permet pas d'écarter un risque accru avec un autre vaccin, le GenHevacB.

"La couverture vaccinale contre l'hépatite B est faible en France : 29 % des enfants âgés de 2 ans et 32 % des adultes, souligne le directeur général de la santé, le professeur Didier Houssin. Pourtant, notre pays compte 300 000 porteurs chroniques du virus de l'hépatite B et 3 000 nouvelles hépatites B par an."

Le directeur général de la santé indique qu'en raison de cette situation les autorités sanitaires travaillent depuis plusieurs mois pour améliorer l'information du public, la prévention et la prise en charge des personnes touchées par l'hépatite B. "Nous allons mesurer la portée de cette étude. Cependant, son analyse préliminaire ne remet pas en question les recommandations de vaccination. En l'état actuel, le ministère de la santé maintient donc les recommandations vaccinales", précise le directeur général de la santé.

La direction générale de la santé a réuni, mercredi 24 septembre, des épidémiologistes pour analyser l'étude. Le Comité technique des vaccinations, puis le haut conseil de la santé publique seront consultés début octobre. Le ministère de la santé devra aussi gérer les réactions des parents dont les enfants ont été vaccinés avec Engerix B.

Depuis la mise sur le marché des vaccins contre l'hépatite B, 33 millions de personnes ont été vaccinées en France, dont 12 millions d'enfants de moins de 15 ans et 3,4 millions de nourrissons. Près de 1 300 cas de complications neurologiques ont été recensés chez des personnes vaccinées.


Paul Benkimoun

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