RETOUR SUR LES JEUX DE L'AVENIR PAR LE SESSD EVRY

Une belle édition 2015,

 

 

 

Les jeux de l’Avenir se déroulaient à Tours cette année. Et cette année était la consécration d’Handifootsal 91, champion dans les deux catégories, D1 D2 et D3 D4.

Un peu d’histoire :

Ce club né de l’initiative de deux professionnels du SESSD APF d’Evry : Jean-Cyr BRUN  et Yves Charreyron qui, après avoir participé aux Jeux de l’Avenir 2005, ont souhaité offrir aux jeunes un espace sportif plus régulier.

Pour permettre une large participation ils se sont organisés en association loi 1901. En mars 2006 ils inauguraient le Club Handifootsal 91 avec comme marraine : Marinette PICHON joueuse internationale.

Bien que porté par deux professionnels, président et secrétaire, ce club a toujours eu pour objectif de ne pas dépendre du médico-social. Aujourd’hui il est présidé par une maman et les postes de secrétariat et de trésorerie sont également  tenus par des parents. Nos deux professionnels sont toujours là, aux places incontournables d’entraineurs. Ils ont été rejoint par Grégory Dupont un autre professionnel qui tente de faire correspondre son emploi du temps professionnel avec les nécessités du club. Cette année cela a été difficile mais il était là pour ces 4 jours.

Sport et vie sociale :

Quand j’ai pris mon poste de directrice en octobre 2006, sportive moi-même j’étais très heureuse d’y trouver une telle initiative. J’ai toujours cru et expérimenté les bénéfices d’une pratique sportive collective pour la formation à la citoyenneté.

Ces deux professionnels en créant ce club de compétition handisport ont bouleversé les représentations sur le handicap physique des enfants accompagnés en SESSD. Ils ont fait face à de nombreuses critiques, à de nombreux malentendus sur leurs objectifs,  mais ils ont tenu bon, heureux de pouvoir offrir une pratique du foot en compétition.

Dans le même mouvement existaient les ateliers handijeunes du mercredi qui proposaient la découverte de différentes activités sportives. Ces matinées ou après-midi en fonction des années étaient l’occasion de s’amuser en famille et de réaliser de visu les capacités sportives des enfants. C’était aussi l’occasion de rencontrer les parents sur un mode beaucoup plus ludique et d’infléchir nos relations vers une collaboration.

Le bonheur des retrouvailles :

Je reviens aux Jeux 2015, j’ai croisé un jeune homme, un nageur. Son nom je l’ai entendu via la chambre d’appel avant le départ des 30 minutes de nage. Dès que je l’ai vu, non seulement je l’ai reconnu mais j’ai été émerveillé de le voir se déplacer sans aide technique au bord du bassin. Ensuite j’ai été admirative de ses trente minutes où il a utilisé les 4 nages. Beaucoup d’entre nous serions bien incapables de rivaliser avec lui, moi la première. Je suis allée à sa rencontre, il m’a reconnu, moi j’ai reconnu son beau visage, sa gentillesse, sa joie de vivre et l’émotion m’a envahie. 

Encore un peu d’histoire…

Je me suis souvenue des entretiens avec ses parents et surtout des souvenirs cuisants de cette maman mal jugée car elle allaitait ses enfants jusqu’à 2 ans, parce qu’elle les laissait libres de jouer une fois l’école terminée, parce qu’elle ne voulait pas de rééducation pendant les vacances… parce qu’elle ne voulait pas obéir aux injonctions des professionnels. 

Son petit garçon qui présentait un pluri handicap physique, visuel et des troubles du métabolisme graves, elle l’emmenait à la piscine car dans l’eau il se déplaçait mieux que sur terre. Dans l’eau il était heureux. Ces séances lui étaient lourdement reprochées car considérées comme trop fatigantes pour cet enfant.

 A l’entrée au CP, la séance piscine est devenue un espace valorisant. En classe il avait besoin d’une lampe spéciale, d’un ordinateur et d’adaptations  pour apprendre à lire. Il se déplaçait difficilement et se sentait en grande difficulté face aux autres élèves. Quand le cycle natation a débuté il était dans le groupe des plus forts, il savait nager !

Cette maman était la première à s’ouvrir à moi de ce vécu de maltraitance et j’avais honte de ce que l’on pouvait produire  au nom du savoir professionnel. Ce sont des expériences que l’on n’oublie jamais.

J’ai retrouvé le petit mot de départ écrit en 2008 pour nous dire au revoir :

B…… tu es un beau garçon avec qui les professionnels du service ont eu du plaisir à travailler. Tu en as eu beaucoup des séances de rééducation. Tu t’es montré courageux et agréable pour travailler, même quand tu n’en avais pas très envie.

Tes performances en natation rappellent à tous que l’on peut réussir dans des domaines qui peuvent sembler inaccessibles. La joie que te procure cette activité sportive tempère les difficultés que tu rencontres dans d’autres domaines.
Tu vas partir au bord de l’océan, et on est un peu jaloux car on croit que ça va être super. Tu vas aller en Clis et on croit que ça va être super ! Fini l’emploi du temps à rallonge. Bonjour les nouveaux copains !  On est un peu triste de te voir partir à cause de ton sourire que nous ne verrons plus mais aussi à cause de la bonne humeur de ta maman. Oui nous souhaitons dire au revoir à B…..mais aussi à vous Madame E…….. Vous nous avez tous séduits avec votre sourire, votre disponibilité et votre enthousiasme. C’était un plaisir de vous compter dans les membres du CVS et de la démarche qualité. Nous regrettons déjà votre départ. On est aussi un peu jaloux du bord de mer et des équipes qui vont maintenant profiter de votre dynamisme.

Merci à tous deux, nous sommes contents de vous avoir rencontré. Vous nous avez appris le partage d’idées, pas toujours d’accord mais discussion toujours possible. Vous nous avez appris qu’on pouvait se montrer brutales à notre insu, sans pour autant rompre la relation. Vous nous avez appris que l’on pouvait se risquer à la relation avec les familles et les enfants sans finalement rien perdre de notre identité professionnelle. Vous partez, nous restons, la vie nos vies continuent.Nous savons que nous nous reverrons, alors à bientôt.

La morale :

Aujourd’hui ce petit garçon fragile est un beau jeune homme en classe de cinquième. 

J’ai aussi croisé une belle jeune fille en compétition  tricycle, ses parents et sa sœur étaient là pour l’encourager, ils ont fait le déplacement à Tours mais aussi ses grands-parents et même son arrière-grand-mère. On cherche à mobiliser les familles !  c’est possible…

Beaucoup de familles ont fait le déplacement pour passer des moments hors normes avec leurs enfants mais aussi avec nous. Dans ces moments-là, on retrouve les fondements de nos motivations professionnelles.

Autre aspect remarquable : deux jeunes gens, des anciens du SESSD, des plus de 20 ans étaient là aussi mais pas comme compétiteurs, comme accompagnants recrutés par le CDHE comité départemental handisport de l’Essonne. Quel plaisir de voir que leur expérience footballistique leur a donné envie de poursuivre leurs actions envers les plus jeunes. Encore de l’émotion et le plaisir de voir la vie prendre ses droits. 

Malika Redaouia

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