Handicap: merci aux Intouchables !

Intouchables réalise le meilleur démarrage de l'année dans les salles de cinéma: le film s'impose déjà comme un phénomène décapant qui change le regard sur les handicapés.

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Des salles combles, un public applaudissant à tout rompre : quelques jours après sa sortie, Intouchables est déjà un phénomène de société. Plus d'1,7 million de spectateurs se sont déjà pressés pour voir l'histoire de l'improbable duo formé par Philippe Pozzo di Borgo, devenu tétraplégique à la suite d'un accident de parapente (1), et Abdel Sellou, un caïd de banlieue qui devint son auxiliaire de vie. Preuve qu'il s'agit d'une véritable tendance, ce long-métrage n'est pas le seul à aborder les tabous du handicap par l'humour. France 2 va diffuser « Vestiaires », une courte série, politiquement incorrecte, sur le quotidien de nageurs handicapés, qui rient de tout et surtout d'eux-même (lire ci-contre). Le regard sur le handicap serait-il en train de changer ? « Oui, et enfin ! » lance Philippe Braunstein, producteur de la série. « Il y en a marre de parler du handicap uniquement avec compassion ou pour saluer un exploit. Tous n'ont pas gravi l'Everest en fauteuil roulant. Il était temps d'évoquer leur quotidien avec humour. »

Autre partisan de la dérision : l'écrivain Jean-Louis Fournier. Dans « Où on va Papa ? », il raconte avec beaucoup de drôlerie sa vie avec ses deux fils handicapés. « J'ai toujours banni le pathos. Cela m'a permis de survivre et de résister à ce drame, confie-t-il à Handicap.fr. Le rire est un super désinfectant. Avec lui, vous brûlez toutes les saloperies. On considère que ce n'est pas normal de rire quand on a un enfant handicapé ! C'est idiot car justement, c'est lorsqu'on a des problèmes qu'il est utile de se soulager ! »

Ce credo est aussi celui de Gilles Le Druillenec, infirme moteur cérébral et fondateur de l'association Barrez la différence. « Pourquoi est-ce tabou en France de rire des handicapés ? On ne veut pas d'un regard de compassion, ni de pitié. Nous voulons être reconnu au même titre que tout le monde ! ». Lui-même est loin des clichés : moniteur de voile, chauffeur de bus scolaire, marié et père de famille, il sillonne la France avec un spectacle qu'il présente dans les écoles. « Je me tourne en dérision en mettant en scène mes embûches et mes réussites. En osant rire, les spectateurs finissent par me voir en tant qu'être humain, pas handicapé. »

En rire, mais pas seulement

L'humour n'est pas la seule arme pour se faire accepter dans la société. Alexis Ridray est un jeune avocat de 26 ans. Atteint d'une maladie neuromusculaire qui atrophie son corps, il a réussi à ouvrir son propre cabinet. « Le tabou existe des deux côtés. Les handicapés eux-même ont trop de retenue. Ils n'osent pas se présenter dans les jeux télévisés par exemple ! » Jean-Christophe Parisot a lui aussi réussi grâce à ses compétences (2). Atteint d'une myopathie, il s'est battu pour devenir sous-préfet du Languedoc-Roussillon. Il voit d'un très bon oeil le fait de recourir à l'humour pour parler du handicap. Mais selon lui, on ne doit pas en rester là. « Les personnes handicapées ne sont pas acceptables parce que drôles, mais parce qu'elles ont des qualités, des faiblesses, comme chacun. Je rêve d'un monde où les quotas d'employés invalides n'auraient plus lieu d'être. Il faut banaliser le handicap. » Et si on commençait par en rire ?

(1) Le second souffle, éd. Bayard, 283 p. (14,90€)
(2) Auteur de « Préfet des autres », éd. Desclée de Brouwer, 190 p. (15€)


Par Juliette Demey et Alexandra Gonzalez sur le site de France Soir.

Commentaires

  • j'ai vu ce film sur youtube! ça a changé les regards des autres effectivement!

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