Les Jeux de Paris 2024 inaccessibles pour les handicapés : «C’est à 300 kilomètres de chez moi et je ne peux même pas y aller»

Il ne suffit pas d’avoir un ascenseur»

«Je connais Paris, je sais que ce n’est pas du tout accessible. J’ai des problèmes de vue quand c’est mal éclairé donc, dans le métro, il me faut un accompagnateur», raconte Emilie, Montpelliéraine de 44 ans atteinte d’une maladie génétique touchant ses yeux et ses reins, qui assistera à l’épreuve olympique féminine de basket à cinq, début août. «J’ai pris l’hôtel pas loin de Bercy [où aura lieu l’épreuve, ndlr], comme ça, on peut y aller à pied. Et s’il faut prendre des taxis, on va prendre des taxis. Je paye peut-être un peu plus cher, mais il y a certaines choses que je préfère anticiper. Ce n’est pas grave, c’est une fois dans sa vie.» Elle fera un aller-retour express : une seule nuit sur place et pas de tourisme.

Franck Maille habite à Nanterre (Hauts-de-Seine) et pratique l’Ile-de-France en fauteuil depuis longtemps. «Quand on veut se déplacer, c’est beaucoup plus long [que pour les personnes valides, ndlr], c’est multiplié par deux voire par trois», dit le référent accessibilité régional pour APF France Handicap. Cet ancien nageur de haut niveau assistera à la cérémonie d’ouverture des JO et aux épreuves de para-natation et de badminton en fauteuil. Outre les stations de métro ou de RER clairement non accessibles, certaines sont officiellement adaptées au handicap moteur, mais selon une vision toute valide de la chose. «Quand on parle d’accessibilité, on parle de l’autonomie de la personne handicapée. Il ne suffit pas d’avoir un ascenseur. Pour prendre le RER A, on perd facilement vingt minutes parce qu’on va à l’accueil dire “je voudrais aller à cet endroit”, l’agent appelle la gare d’arrivée pour savoir si les ascenseurs fonctionnent et si un autre agent peut nous réceptionner. On n’est pas dans l’autonomie», dénonce-t-il.

Alain Gaudot, lui, a abdiqué. «J’ai été champion du monde de basket [fauteuil], j’ai été désigné pour porter la flamme paralympique le 29 août, je suis fier de porter les couleurs de la France. J’aurais aimé assister aux Jeux paralympiques, c’est une seule fois dans ma vie. C’est à 300 kilomètres de chez moi et je ne peux même pas y aller, parce que ce n’est pas accessible, lâche le président du Comité départemental handisport de Côte-d’Or. J’habite Dijon. Ils n’ont pas prévu de facilités d’accès pour les personnes qui viennent de loin en véhicule, donc il va falloir laisser les véhicules à je ne sais pas combien de kilomètres et après, y aller avec des navettes, donc on n’est pas autonomes, on est traités comme du bétail. Si je prends le train et que j’ai envie d’aller aux toilettes, je ne peux pas. Si je prends un taxi, c’est trop cher.» Alors les Jeux, ce sera à la télé.

Source : Libération Lire l'article ICI

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