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  • 20éme Jeux Nationaux de l’Avenir

    contenu_chapitre_image_464.jpgPour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un grand rassemblement sportif national (certains participants font même le voyage des DOM-TOM) ouvert aux jeunes âgés de 12 à 20 ans, porteur d’un handicap moteur, auditif ou visuel. Ils sont répartis dans les catégories en fonction de leur degré d’atteinte mais également en fonction de leur âge. Cet évènement à lieu tous les deux ans, chaque fois dans une ville nouvelle, et regroupe environ 700 jeunes (les participants sont de plus en plus nombreux), auxquels s’ajoutent les accompagnants, les organisateurs, les bénévoles, des artistes et des sportifs de haut niveau, venus soutenir et encourager ces jeunes espoirs.

    Depuis 2005, le SESSD d’Evry (tourné vers la pratique sportive, pour la rééducation, l’entretien musculaire et le plaisir sportif)) s’est engagé dans cette aventure, en partenariat avec le Comité Départemental Handisport 91. Au fur et à mesure des participations et des retours enchantés des uns et des autres (jeunes, encadrants, familles), des partenariats se sont tissés avec les différentes ULIS 4 du département (profs de sport, instits, AVS), l’association Handifootsal et l’IME Jean Paul (déficients visuels). La totalité du séjours (location de minibus, engagements, hébergements) a été pris en charge, cette année, par le Comité.
    Un regret par rapport aux années précédentes, nous n’étions pas considérés comme une entité mais comme 6 différentes, et donc pas logés dans un même lieu. Les temps de regroupement «toute la délégation» ont été très peu nombreux, sauf sur la journée athlétisme.

    Tous les jeunes présents ont participé au minimum à une épreuve, en fonction de leurs possibilités et de leur désirs au moment de l’inscription. J’insiste sur ce dernier point, car on se rend compte que certains jeunes montrent très peu de motivation jusqu’au jour du départ. Une fois sur site, l’émulation aidant, l’observation des autres permet l’émergence de certains désirs, l’envie de s’investir et de se dépasser. C’est important de repérer ces souhaits afin de les reprendre dés l’année prochaine pour stimuler leurs choix et les aider à anticiper les prochains jeux, avec un objectif d’entraînement ciblé. Cela permet également de les accompagner vers l’incription dans une section handisport de leur lieu de vie.
    D’autres avaient un emploi du temps bien chargé, avec des compétitions tous les jours. Ils doivent donc gérer leur fatigue, leur stress et la pression inhérente à toute compétition.

    L’objectif de ces jeux est avant tout sportif, les jeunes savent qu’ils doivent s’investir à fond, qu’ils doivent respecter les horaires sous peine de disqualification, d’autant plus pour les sports collectifs, car cela pénalise l’ensemble de l’équipe. C’est une première expérience pour l’avenir professionnel.
    Mais les jeux c’est également la vie en groupe, l’autonomie (dans la vie quotidienne mais également sur le site, ils sont libres de se déplacer là où ils veulent pour soutenir les copains, participer aux ateliers découvertes ou juste observer les autres), le partage de moments forts avec leurs pairs, des moments privilégiés avec des adultes qu’ils côtoient toute l’année dans un cadre bien différent.
    C’est l’occasion également de se rendre compte de leurs capacités, de s’autoriser à vivre leurs différences sans tabou, sans faire semblant (s’autoriser à se promener en fauteuil par exemple, alors qu’au collège, surtout, il ne faut rien laisser paraître). C’est l’occasion également de s’extasier devant l’exploit de certains, pour lesquels un jugement rapide pourrait les qualifier incapable de réaliser quoique ce soit. C’est également développer son empathie, s’ouvrir à l’autre, accueillir sa joie, sa déception.
    Pour certains parents, qui font le déplacement pour assister aux épreuves de leur enfant, c’est toujours un choc. Ils ne sont pas préparés à l’ampleur du rassemblement, à la diversité des atteintes (parfois très lourdes) ; ils ne s’attendent pas à ce que les compétitions soient si officielles. Ils sont la plupart du temps aussi stressé que leur jeune, encourageant, porteurs et émus de les voir se dépasser.
    Lorsque l’on peut être un peu disponible pour les écouter, de très nombreuses interrogations apparaissent, des sujets «sensibles» sont abordés, première approche, première ébauche sur laquelle on pourra s’appuyer ultérieurement, dans la poursuite de notre travail en commun.

    Pour nous, rééducateurs ou éducateurs, cette expérience est riche d’enseignements et nous permet d’observer les jeunes dans un tout autre contexte. A chaque fois je suis étonnée de l’investissement qu’ils y mettent, de l’autonomie dont ils peuvent faire preuve.

    Aude BENOIT-LEVY, psychomotricienne au SESSD APF d'Evry.