Droit à la compensation : les personnes concernées dressent un constat sévère

À la veille d’échéances politiques majeures et à l'occasion de la date anniversaire de la loi handicap du 11 février 2005, APF France handicap a organisé le 9 février une Journée-Débats sur le droit à la compensation.

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Rassemblons-nous le 9 mars dans la rue

pour revendiquer l’égalité de droits et des chances ! »

Quatre tables-rondes thématiques ont dressé le constat d’un droit largement incomplet et inabouti. Pour en assurer l’effectivité, les acteurs d’APF France handicap, des partenaires, des professionnels de terrains et des élus ont témoigné et fait part de leurs analyses.  

« Le compte n’y est pas ! » lance Pascale Ribes en ouverture de la Journée-Débats du 9 février organisée par APF France handicap sur le droit à compensation. Dix-sept ans après la mise en œuvre de la loi de 2005, ce droit n’est toujours pas accessible à tous ! […]. Nous avons souhaité que cette journée soit portée par les acteurs de terrain et les personnes directement concernées pour favoriser leur expression et prendre en compte leur choix de vie. » souligne la Présidente, avant de rappeler, à quelques mois des élections présidentielles et législatives, la publication de la note politique “Pour un droit à compensation universel et intégral garantissant une vie autonome”. fichier PDF

Des débats suivis par plus de 300 personnes en présentiel et à distance

Animés par Franck Seuret, journaliste au magazine Faire Face, quatre débats ont rythmé la journée. En présentiel et à distance, plus de 300 personnes ont pu assister aux débats et poser leurs questions : des personnes en situation de handicap, des associations, des professionnels de terrain des ESMS et d’autres opérateurs, des professionnels des MDPH et des services départementaux, des représentants d’administrations centrales, régionales, départementales, communales, des élus, etc.

À leurs côtés, en fin de journée, des élus politiques impliqués dans la mise en œuvre du droit à compensation ont fait part de leur analyse. Marie-Anne Montchamp, ex-secrétaire d’État au Handicap et présidente de la CNSA, Pierre Dharréville, député des Bouches du Rhône et Philippe Mouiller, sénateur des Deux-Sèvres ont débattu autour de la nouvelle branche autonomie pour renforcer la protection sociale autonomie des personnes en situation de handicap. Photos(c)J.Deya

Pour revoir les tables-rondes

(replay ci-contre)

00:00 Introduction - Pascale Ribes
04:49 Enjeux des 4 tables rondes - Malika Boubekeur
11:40 Premier débat : Respecter et favoriser l’expression des personnes
01:21:55 Deuxième débat : La nécessité de l’accompagnement par une aide humaine formée, choisie et adaptée aux habitudes de vie des personnes
02:22:50 Troisième débat : Améliorer les conditions d’accès aux aides techniques et garantir leur libre choix
03:28:00 Quatrième débat : Renforcer la protection sociale autonomie des personnes en situation de handicap
04:32:00 Synthèse de la journée

Le pari réussi de la journée : porter une parole libre et des témoignages très forts

Tout au long de la journée, de nombreux témoignages ont permis d’illustrer les limites d’une mise en œuvre encore trop partielle du droit à compensation. Un droit qui ne permet donc pas, dans les faits, de garantir une vie autonome aux personnes qui en bénéficient.

Extraits des témoignages :

« J'ai besoin d'aide 24h/24. Je fais face à une pénurie de personnel et de professionnels formés. Je n'ai pas le choix, je subis le personnel qu'on m'envoie. C'est dangereux pour moi, je suis trachéotomisée. Je suis dans la survie, je vis dans la peur de ne plus avoir d'aide du tout... je suis très inquiète, les prestataires ne répondent plus. J'en veux aux centres de formation qui délivrent des diplômes mais les gens ne sont pas bien formés. »

« Je subis maltraitance et négligence mais on me dit que je suis trop exigeante ! »

« Je me déplace en fauteuil depuis 62 ans. J’ai un nouveau fauteuil depuis quelques mois, choisi en fonction de son poids, critère important pour moi. Il coûtait 4 100 euros après sécu et mutuelles, il reste 2 000 euros à ma charge. Un fauteuil moins cher, c’est moins adapté à ma situation. Je vis dans mon fauteuil toute la journée, j’ai besoin qu’il me soit adapté. »

« Je suis particulier employeur de mes auxiliaires de vie, et avec ses nouvelles réglementations je suis épuisé, J’ai une désagréable impression de déjà vu, d’un retour en arrière de 5 ans… »

« C’est 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, toute l’année, que tout cela est présent dans ma tête, s’insinue dans mon rapport aux autres, dans mon humeur, dans ma fatigue et dans un stress permanent ! »

En conclusion, Pascale Ribes a rappelé que la loi handicap, porteuse du principe du droit à la compensation, doit compenser les conséquences d’une situation de handicap de deux manières : intégralement (tous les besoins et sans restes à charge) et universellement (quel que soit l’âge et l’origine de la situation). « Suivons la route ouverte par la loi de 2005 ! Rassemblons-nous le 9 mars dans la rue pour revendiquer l’égalité de droits et des chances ! »

En écho à cette journée, APF France handicap publie la note politique “Pour un droit à compensation universel et intégral garantissant une vie autonome”. Ce plaidoyer formule neuf mesure prioritaires dans le cadre de la collection de notes politiques #AEgalité à destination des équipes de campagne pour l’élection présidentielle. Ceci afin que les politiques de l’autonomie garantissent enfin l’effectivité des droits des personnes en situation de handicap.

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