Un premier constat : Pour tout parent cette question est stressante. Il y a des notions communes pour tous les jeunes à faire passer qu’ils soient handicapés ou non et ce n’est jamais simple Le point de vue des professionnels ne prend pas en compte tous les empêchements affectifs des familles.
Un autre constat : Pour les personnes en situation de handicap il y a une grande frustration quant à l’acte sexuel. Cette difficulté à concrétiser son désir par un acte réalisé physiquement devient obsédante. C’est une souffrance récurrente.
Personne n’est autonome dans sa sexualité, il faut être deux.
Côté professionnel : Peu d’accompagnement sur cette question dans les établissements que ce soit pour les jeunes ou les adultes. Dans les établissements pour jeunes, l’information n’est pas toujours donnée, la contraception, la protection contre les maladies sexuellement transmissibles sont rarement abordées. Dans les foyers d’adultes il est difficile de préserver son intimité. Les allers et venues sont épiées et les personnels posent des questions indiscrètes, font part de leurs craintes, se mêlent des choix des résidents.
Comment pouvoir s’en dégager ? imposer ses désirs ? approcher l’autonomie psychique.
Il y a encore trop de tabous autour de cette question. Les personnes veulent avoir une vie sexuelle, partager des sentiments mais aussi pouvoir concrétiser ces désirs et avoir des rapports sexuels. Ils disent Non à la sublimation.
A l’heure actuelle cette question reste très peu abordée. Les personnes sont seules face à cette frustration obsédante qui les entraînent dans une spirale agressive.
Même si les personnes n’ont jamais connu l’acte sexuel, dans ce cas ce n’est pas un manque connu mais la frustration de ne pas pouvoir bénéficier d’une vie sexuelle.
Nous terminons en constatant que les personnes handicapées n’ont pas accès à une vie sexuelle aisée même s’ils sont autonomes et qu’ils ont la chance d’avoir un partenaire à cause de l’intrusion des professionnels dans leur intimité. Pour ceux qui auraient besoin d’une aide c’est impensable en France aujourd’hui.
Pourtant ils ont tous une vie sexuelle rêvée, qui reste frustrée. Un gros travail reste à faire aux niveaux des représentations pour que l’ensemble de l’humanité puisse imaginer une vie sexuelle accessible à tous. Ensuite il faudrait pouvoir imaginer un autre accompagnement, qui autorise à concrétiser ce possible.
Malika REDDAOUI (Directrice du SESSD d'Evry)
TEMOIGNAGE
Le sexe toujours et encore !
Je m’appelle Frédéric, j’ai 38 ans et je participe au groupe éthique qui existe dans notre délégation depuis plus d’un an.
Le thème choisi récemment était la sexualité des personnes handicapées et j’ai eu envie de venir car c’est un lieu ouvert, où on peut parler librement, avec humour aussi, même si le contenu est sérieux.
Les personnes qui viennent échanger sont très diverses avec des opinions parfois opposées , c’est ce qui fait le piment des discussions : parents, professionnels, jeunes…Pas de chef, pas de hiérarchie, pas de contraintes, pas de paroles tabous, sinon l’écoute mutuelle et le respect des idées de chacun.
On a soulevé des sujets parfois délicats ou tabous : le problème du personnel qu’il faudrait former pour l’aide à l’acte sexuel, en foyer notamment où les professionnels qui interviennent pour les actes quotidiens n’admettent pas forcément que la personne handicapée a des besoins sexuels normaux. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas leur rôle de prendre en charge cet aspect, d’où la nécessité d’envisager une personne extérieure formée et spécialisée pour cela. On est même allé (pour certains) jusqu’à envier les pratiques de nos voisins les Hollandais par exemple qui « osent » proposer des subventions pour payer ce type d’aide.
Et qu’on arrête de dire que les personnes handicapées n’ont pas de sexualité ; même si l’acte est parfois entravé par des problèmes techniques, le désir existe chez tout le monde ! Mais pas assouvi, il peut devenir violent, obsédant, à la limite de l’insupportable et mener jusqu’à la dépression !
Voilà des paroles qu’entendaient pour la première fois certains d’entre nous : choquant, dérangeant, mais en tous cas qui nous a fait débattre et réfléchir ; des échanges aussi qui nous ont permis de s’apercevoir qu’on était pas seuls à y penser !
Le dire, le partager en paroles avec d’autres, c’est aussi un soulagement, une libération, ça vaut bien des séances de psy !
Sûrement parmi vous, certains vont se retrouver dans ces propos, alors pourquoi ne pas faire le premier pas pour nous rejoindre et donner votre avis, même s’il est différent. Il y a certainement pleins de façons d’aborder le sujet : notre imagination collective fera le reste.
Après des vacances certainement riches en expériences diverse et instructives, nous vous proposons de rejoindre notre groupe, que vous soyez vous-même concernés, ou simplement intéressés ou inquiets par rapport à la vie intime et à l’autonomie des personnes handicapées qui vous sont proches.
Nous vous attendons Mardi 23 septembre de 14h à 17h à la délégation.
Les thèmes seront affinés et développés pendant l’année en fonction des désirs des participants.
Fred