L’objectif 1 du nouveau projet associatif stipule qu’il faut être attentif à la diversité des publics de l’APF. Le suivant insiste sur l’importance d’apporter du soutien aux militants et aux élus. L’ancien référent du GIN DEC, Stéphane Irigoyen, désormais administrateur, et son successeur, Sylvie Tenenbaum, livrent conseils et bonnes pratiques pour permettre aux acteurs ayant des difficultés d’élocution et de communication (DEC) de prendre toute leur place au sein de l’association.
En direct / APF : Quels sont les freins que peuvent rencontrer les personnes avec des difficultés d’expression au sein de l’association ?
S. Tenenbaum : Il arrive que nous rencontrions des difficultés d’écoute et de prise en compte au sein des structures. On ne nous donne pas toujours les moyens de mener à bien les missions qui nous sont confiées. J’ai moi-même vécu des situations désagréables. On me donnait rarement la parole et on ne tenait pas compte de mes écrits…
Comment améliorer leur prise en compte au sein de l’association ?
S. Tenenbaum : Il est nécessaire de dépasser le décalage qui peut exister entre l’apparence et la personne elle-même. Ensuite, la difficulté n’est pas aussi grande qu’on peut le croire. Cela demande de l’attention des deux côtés, et une certaine patience, aussi bien pour celui qui parle, que pour celui qui écoute. Mais en général, l’effort est récompensé. Cela demande des moyens également. Des progrès restent à faire, mais des outils existent pour faciliter la communication. L’important est de trouver celui qui est adapté à la personne et à la situation.
S. Irigoyen : Avec une aide, et en particulier une assistance de communication, nous faisons notre travail normalement. A l’occasion de la mobilisation sur l’accessibilité, j’ai ainsi pu répondre à la télévision. Sans assistance, je n’en aurais pas été capable. Là, ça c’est fait naturellement. Avec l’assistance, il y a également moins besoin de travail de préparation en amont d’une réunion ou d’un événement. Elle permet aussi d’être moins stressé lors des échanges et d’être plus spontané dans le dialogue. C’est le directeur de ma délégation, à son arrivée, n’y connaissant pas grand chose, qui m’a proposé que quelqu’un m’assiste pour la communication. Avant cela je ne faisais pratiquement rien à la délégation. Depuis, j’ai pu m’investir et prendre des responsabilités, locales et maintenant nationales. L’APF revendique d’ailleurs la reconnaissance des besoins d’assistant de communication pour les personnes en difficultés d’élocution et de communication [cf. revendication de juin 2010, sur http://reflexe-handicap.org].
Quel message passer aux acteurs de l’APF ayant des difficultés d’élocution et de communication ?
S. Irigoyen : Leur dire qu’il faut qu’ils osent participer à la vie de l’APF et aller à la rencontre des autres acteurs. Chacun a un rôle à jouer dans l’association.
S. Tenenbaum : Il ne faut pas hésiter à monter des groupes initiatives locaux DEC sur le territoire, mais aussi des groupes de parole, car les personnes dans cette situation gardent souvent tout pour elles. La libération de la parole dédramatise la difficulté, fait prendre du recul, et "oser" interpeller l'"autre" s'avère moins angoissant, donc plus aisé.
Vu sur le blog des personnes en difficulté d'élocution.