A quelques jours de la deuxième conférence nationale du handicap, l’Association des Paralysés de France (APF) attend des réponses concrètes à la hauteur des attentes des personnes en situation de handicap et de leurs proches ! Car entre les discours et les promesses du président de la République et du gouvernement et les réalités vécues par les personnes en situation de handicap, l’écart ne cesse de se creuser !
La loi handicap du 11 février 2005, porteuse de nombreux espoirs, est vidée de son sens à coup d’amendements, de décrets, de réforme ou de non-portage par les politiques publiques ! Les arguments de la crise ou des restrictions budgétaires, prétextes du gouvernement pour justifier son attentisme, ne constituent en rien des réponses recevables ! L’APF demande au président de la République des réponses, des engagements forts et des impulsions politiques témoignant d’une réelle volonté de mettre en œuvre une politique du handicap ambitieuse ! Il est plus que temps de « bouger les lignes » pour construire une société ouverte à tous !
Alors que la première conférence nationale du handicap en 2008 n’avait pas donné satisfaction à l’APF, force est de constater que la vie quotidienne des personnes en situation de handicap en France s’est encore plus détériorée depuis cette date ! Dans son rapport 2010, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) déplore également des lenteurs, des lacunes et des reculs dans la mise en œuvre de la loi handicap du 11 février 2005 et se dit préoccupé par la gouvernance de la politique du handicap.
→ Les tentatives pour ne pas appliquer les principes d’accessibilité et de conception universelle se multiplient ! Le délai de mise en accessibilité pour 2015 est compromis au regard du manque d’impulsion politique et financière ! Tout aussi préoccupant, des initiatives privées et parlementaires se multiplient pour revenir sur les obligations d’accessibilité, y compris sur les constructions neuves !
→ La scolarisation des enfants en situation de handicap reste problématique ! Si on ne peut que se réjouir de l’augmentation du nombre d’enfants scolarisés, il s’agit également de s’intéresser aux conditions de cette scolarisation ! Le manque crucial d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) et la précarité de leur statut laissent de nombreux enfants sans accompagnement adapté ! Sans compter les centaines d’enfants non-scolarisés faute d’AVS !
→ La situation de l’emploi des personnes en situation de handicap reste toujours très difficile : taux de chômage 2 fois plus important que celui de l’ensemble de la population, discrimination à l’embauche, inaccessibilité des locaux de travail et absence de mesures appropriées pour faciliter l’emploi de travailleurs en situation de handicap. Et si le gouvernement essaie d’impulser une politique d’emploi, notamment dans la fonction publique, son discours reste ambigu car dans le même temps, il transfère un certain nombre de ses compétences et dépenses vers l’AGEFIPH et le FIPH. Et pour les entreprises adaptées en difficultés économiques, la tendance est à la baisse des financements publics !
→ La question des ressources des personnes ne pouvant pas ou plus travailler n’a toujours pas été prise en compte par le gouvernement, qui continue de laisser les 800.000 bénéficiaires de l’AAH, les bénéficiaires de pensions d’invalidité et de rentes accident du travail sous le seuil de pauvreté. A cela s’ajoute l’augmentation du coût des dépenses de santé mais aussi du coût de la vie. De plus, la réforme actuelle de l’AAH ne répond pas aux besoins des personnes mais bien à ceux de l’Etat qui ne cherche qu’à réduire ses dépenses !
→ Promis depuis 3 ans, par les différents ministres et le président de la République lui-même, la question du droit à compensation et de la perte d’autonomie devait être traité lors du débat sur la dépendance. Aujourd’hui, force est de constater que la question du handicap a été exclue de ce débat alors même que le droit à compensation actuel comporte des manques et des incohérences et ne remplit donc pas son rôle !
→ Le resserrement des enveloppes budgétaires pour assurer le financement des moyens de compensation, des services et des établissements médico-sociaux met en péril l’offre de services actuelle ! Notamment pour les services d’aide à domicile qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation catastrophique. En refusant d’accorder un fonds d’urgence aux associations gestionnaires en difficultés, le gouvernement condamne ce secteur et laisse les bénéficiaires sans solution ! L’APF a d’ailleurs été contraint de fermer un de ses services d’aide à domicile.
→ Pour finir, les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) créées en 2006 ne sont toujours pas pleinement en capacité d’assurer leurs missions.
L’APF demande au président de la République et au premier ministre de donner, lors de cette conférence nationale du handicap, une impulsion politique majeure et essentielle, avec des réponses concrètes aux difficultés quotidiennes vécues par les personnes en situation de handicap et leur famille, en garantissant une égalité de traitement sur tout le territoire.
Le 6 juin 2011.